La France commence à peine à sortir d’une crise sanitaire sans précédent qu’elle doit déjà affronter celle de l’emploi. En effet, la pandémie liée au coronavirus a accentué l’instabilité et la fragilité du modèle actuel de travail.
Alors que le présentiel reprend du service, beaucoup ont choisi de déserter ou de changer de métier, tandis que certains ont simplement perdu leur poste. Il devient alors difficile d’envisager des perspectives d’avenir dans le milieu professionnel pour plusieurs raisons.
Une population qui vieillit
Le vieillissement de la population générale est dû à un recul du départ à la retraite qui risque d’augmenter davantage en 2023. D’un autre côté, il y a aussi le vieillissement de la population active.
En effet, les individus fraîchement diplômés sont de plus en plus âgés. En combinant ces deux facteurs, il est facile de déduire que l’augmentation de l’âge de la population active est un phénomène qui n’est pas près de s’arrêter.
En plus de vieillir, une féminisation de la population active est à souligner. Les femmes représentent près de la moitié des travailleurs. De ce fait, le secteur d’activité tertiaire est en voie de développement au détriment de l’agriculture et de l’industrie.
Des seniors désavantagés et des jeunes favorisés
Avec le développement de la technologie et la numérisation du monde, les plus vieux peinent à s’adapter. Les entreprises d’informatique sont émergentes et préfèrent recruter de jeunes cadres qualifiés qui sont déjà au courant des dernières innovations.
Les seniors sont donc en danger car leurs secteurs de prédilection deviennent obsolètes. Ainsi, un recul du dynamisme fait craindre une suppression des emplois attribués à cette tranche.
Un handicap et un avantage géographique
Il a toujours été de l’ordre naturel des choses que les emplois soient répartis différemment selon les zones géographiques. Cela dit, cette différence n’a jamais été aussi prononcée.
Les grandes métropoles offrent de meilleures chances de trouver un travail. La capitale est donc privilégiée, sans oublier Marseille, Lyon..
Au-delà de ces grandes villes, France Stratégie annonce des conditions plus favorables au Sud et à l’Ouest.
Néanmoins, il n’y a pas que les demandeurs d’emploi qui rament puisque beaucoup d’entreprises sont dans des postures délicates.
Les travailleurs veulent plus d’éthique
Les postulants ne se contentent plus de chercher des emplois. Ils accordent une attention particulière à l’entreprise pour laquelle ils vont travailler et à sa politique.
Ainsi, les boîtes éco-responsables favorisant les énergies renouvelables, avec un minimum de dégâts pour la nature, sont les plus en vogue.
L’ambiance générale au sein de la société est également un facteur déterminant. On estime d’ailleurs que beaucoup de travailleurs ont radicalement changé de point de vue sur le travail en entreprise depuis le premier confinement.
La santé mentale de l’employé prime sur le salaire. De ce fait, beaucoup prennent le parti d’être indépendants plutôt que de se résigner à un environnement stressant qui pousse à la dépression.
Des changements de carrière
La pandémie a aussi entraîné un changement dans l’orientation des travailleurs. Beaucoup ont déserté les grandes villes pour se réfugier dans les campagnes, tandis que d’autres se sont retrouvés sans emploi et ont été obligés d’envisager d’autres carrières.
Ainsi, le taux de startups naissantes a explosé en 2021 et le chiffre est constamment à la hausse. D’autres travailleurs ont décidé que la vie de bureau n’était plus faite pour eux et se sont convertis en agriculteurs, éleveurs ou créateurs de contenus sur Internet.
Des métiers virtuels
Il y a encore quelques années, le mot youtubeur était méconnu de tous. Désormais, les créateurs de contenus sur le Web sont de plus en plus nombreux et ont des métiers à part entière.
En plus des personnes présentes devant la caméra, il y a une majorité qui travaille dans l’ombre. Les monteurs de vidéos, les ingénieurs du son, les caméramans, les chargés de communication et les managers sont en forte demande.
Ces nouveaux métiers promettent d’occuper une place centrale dans le marché du travail d’ici quelques années.
Des entreprises prêtes à tout pour palier aux postes vacants
Même si le chômage est un problème très préoccupant, beaucoup d’entreprises manquent drastiquement d’effectif. Il s’agit surtout des secteurs technologiques et informatiques. La tendance des nouveaux métiers, et surtout des travailleurs indépendants, ne fait que renforcer ces vides.
Pour faire face à cette crise, les entreprises établissent différentes stratégies. Par exemple, il y a celles qui offrent un salaire plus aguicheur. En effet, une hausse des rémunérations de plus de 2.6 % est prévue en 2022 dans le secteur high-tech.
Cette augmentation est également justifiée par l’inflation qui va atteindre les 1.1 % dans la même année. En plus du domaine technologique, plusieurs secteurs verront les salaires gonfler à différents taux.
D’autres boîtes préfèrent jouer sur la marque employeur. Ainsi, l’image que renvoie la société est primordiale pour attirer et garder ses employés. Un travailleur satisfait est un salarié qui fera parler de vous.
Mieux que le bouche à oreille, les médias sont votre allié. Une bonne communication vous permettra de promouvoir votre entreprise et de la valoriser grâce au Web.
Enfin, il est également possible d’offrir d’autres avantages qui sortent du lot afin de rendre une entreprise attrayante. Lieux de repos collectifs, activités de groupe, cafétéria gratuite ou vacances illimitées, tout cela aidera la société à se différencier de ses concurrents.
Comment pallier la crise de l’emploi ?
Bien que les temps soient durs, il semble que la situation commence à se stabiliser. De nombreuses mesures sont prises dans le but de minimiser les dégâts.
Les juniors ont désormais leur place. Bien qu’un employé avec de l’expérience soit toujours privilégié, de nombreux employeurs décident de faire confiance au jeunes fraîchement diplômés.
Ces derniers sont motivés et prêts à tout pour bien se faire voir et gravir les échelons. De plus, un nouveau diplômé est plus apte à être façonné à l’image de la boîte plutôt qu’une personne expérimentée qui aura du mal avec des méthodes différentes que celles qu’elle connaît déjà.
Les spécialistes prévoient également une hausse du taux de recrutement avec l’explosion du nombre de départs à la retraite. En effet, en comparant les taux de retraités entre 2010-2020 et 2020-2021, la différence est flagrante.
Trois quarts des postes à pourvoir seront alors issus des départs à la retraite. Une bonne nouvelle pour le marché du travail qui gagnera en dynamisme dans les 10 prochaines années.
Les secteurs d’activité qui recrutent en 2022
Le bâtiment figure parmi les secteurs les plus dynamiques et les plus stables avec l’augmentation de l’urbanisation qui n’est pas près de s’arrêter. La restauration et l’hôtellerie soufflent enfin après deux ans de mesures sanitaires astreignantes. La reprise permet aux établissements un rebond qui promet un lendemain meilleur.
Du côté de l’industrie, le rythme d’avant-crise sera bientôt retrouvé avec un taux d’utilisation des capacités de production proche des 80 %. Les secteurs les plus dynamiques sont l’automobile, l’agro-alimentaire, le marché des médicaments et celui de la chimie.
Quant aux métiers d’aide à la personne, une croissance record est prévue. Paradoxalement, les hôpitaux peinent à atteindre le nombre d’employés requis et de nombreux établissements se mettent à recruter au niveau international.
Cela dit, plusieurs métiers demeurent en danger, notamment dans la fonction publique du fait de la suppression d’emplois à cause des restrictions budgétaires.
Pour aller plus loin :
Métiers en tension en 2022 : Un marché de l’emploi dominé par les seniors (INSEE)
Les métiers en 2022 (Ministère du travail, de l’emploi et de l’insertion)
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