Il était l’un des patrons les plus puissants du monde. Mais le 1er septembre 2025, Laurent Freixe, CEO de Nestlé, a été licencié avec effet immédiat. Motif : une relation amoureuse non déclarée avec une subordonnée directe. Un manquement au Code de conduite qui a coûté sa carrière au dirigeant, pourtant figure historique du groupe depuis près de 40 ans.
Une carrière brillante stoppée net
Pour Nestlé, Laurent Freixe représentait une partie de l’histoire. Entré dans le groupe en 1986, il y avait fait toute sa carrière, grimpant patiemment les échelons. D’abord au marketing, puis à la direction de différentes zones géographiques, il avait été nommé CEO en septembre 2024, avec la mission de redonner un nouvel élan à un géant parfois critiqué pour sa lenteur et ses scandales passés.
Un an seulement après son arrivée au sommet, le couperet est tombé. Ce qui devait être l’apogée d’un parcours exemplaire s’est transformé en chute brutale.
La faute fatale
L’histoire aurait pu rester privée. Mais chez Nestlé, les règles sont claires : toute relation hiérarchique doit être déclarée pour éviter le risque de favoritisme ou de conflit d’intérêts. En ne respectant pas ce principe, Laurent Freixe a franchi une ligne rouge.
Une enquête interne a été lancée, supervisée par Paul Bulcke, président du conseil d’administration, et Pablo Isla, lead independent director. Le verdict a été sans appel : violation du Code de conduite.
Paul Bulcke a tranché : « C’était une décision nécessaire. Les valeurs de Nestlé et une bonne gouvernance constituent les fondations solides de notre entreprise. »
En quelques heures, la carrière de Freixe s’est effondrée.
Un successeur déjà prêt
Nestlé n’a pas tardé à tourner la page. Dès l’annonce du départ de Freixe, un nouveau CEO était désigné : Philipp Navratil, ancien patron de Nespresso.
Âgé de 49 ans, Suisse et Autrichien, polyglotte (cinq langues parlées), Navratil est considéré comme un gestionnaire discret mais efficace. Son CV impressionne : directeur général au Honduras dans un contexte politique explosif, artisan du repositionnement de Nescafé au Mexique, stratège clé du café au niveau mondial, puis sauveur express de Nespresso en 2024.
En janvier 2025, il rejoignait déjà le comité exécutif de Nestlé. Huit mois plus tard, le voilà propulsé CEO. Une ascension express qui symbolise la volonté de stabilité et de continuité.
Une affaire qui dépasse Nestlé
Au-delà de l’anecdote, l’éviction de Laurent Freixe dit quelque chose de notre époque. Les entreprises, surtout les multinationales cotées, ne peuvent plus fermer les yeux sur les relations intimes au sein de la hiérarchie.
Autrefois tolérées, voire ignorées, elles sont désormais perçues comme des menaces pour la gouvernance et l’image publique.
Nestlé n’est pas la première entreprise confrontée à ce dilemme. En 2019, Steve Easterbrook, CEO de McDonald’s, avait été poussé vers la sortie pour des raisons similaires. Plus récemment, des sociétés de la tech ou de la finance ont appliqué la même règle stricte.
Le message est clair : l’amour au bureau n’est pas interdit, mais il doit être transparent. Ne pas jouer le jeu peut coûter très cher.
Douloureux certes, mais….”so romantic”
Difficile de ne pas voir dans cette histoire une dimension humaine, presque paradoxale. Laurent Freixe aura dirigé un empire mondial, signé des stratégies à plusieurs milliards, et pourtant, c’est une affaire de cœur qui l’a fait trébucher.
Un rappel que même au sommet, le pouvoir n’immunise pas contre les passions. Et qu’il y a parfois, derrière les règles de gouvernance et les décisions d’actionnaires, des histoires simplement… so romantic.