EN UN CLIN D'OEIL Canicule au travail : l'essentiel du décret 2025
Échéance : 1er juillet 2025 - Mise en conformité obligatoire
DUERP : Intégration obligatoire du risque chaleur avant juillet
Eau : Minimum 3 litres d'eau fraîche par salarié/jour
Horaires : Adaptation obligatoire selon vigilance Météo-France
BTP : Chômage intempéries étendu aux épisodes caniculaires
Contrôles : Inspection du travail renforcée - Sanctions possibles
ALERTE : 7 décès liés à la chaleur au travail en 2024 - Agissez maintenant !
« Il fait trop chaud pour travailler… Pulco, Pulco, Pulco citron ». Les plus anciens d’entre nous, les boomers dans mon genre donc, se souviennent peut-être de cette publicité emblématique des années 80. Mais ce qui relevait jadis de la fiction publicitaire est devenu une réalité préoccupante dans le monde professionnel contemporain.
La canicule au travail représente désormais un enjeu majeur pour les entreprises françaises, particulièrement après la publication du décret n°2025-482 du 27 mai 2025 qui renforce considérablement les obligations patronales. Ce nouveau texte réglementaire, qui entre en vigueur le 1er juillet 2025, introduit des mesures de prévention obligatoires pour protéger les salariés contre les risques liés aux épisodes de chaleur intense.
L’urgence climatique justifie cette évolution : le printemps 2025 a été l’un des plus chauds depuis 1900, et en 2024, sept décès ont été attribués aux fortes chaleurs dans le cadre professionnel. Face à cette réalité dramatique, les employeurs doivent rapidement adapter leurs pratiques pour se conformer aux nouvelles exigences légales.
L’inspection du travail a déjà effectué 1 500 contrôles en 2024, principalement dans le BTP, l’agriculture et la restauration, annonçant une surveillance accrue de ce risque professionnel émergent. Cette transformation réglementaire place la protection des travailleurs contre les vagues de chaleur au cœur des priorités des directions des ressources humaines et des dirigeants d’entreprise.
1. Canicule au travail, un nouveau cadre réglementaire face à l’urgence climatique
Les 4 niveaux de vigilance Météo-France
Veille normale
Pic de chaleur
Canicule
Canicule extrême
Le décret n°2025-482 du 27 mai 2025 relatif à la protection des travailleurs contre les risques liés à la chaleur marque une étape décisive dans l’adaptation du droit du travail français aux défis environnementaux contemporains. Publié au Journal officiel le 1er juin 2025, ce texte répond à une nécessité croissante de protéger les salariés face à l’intensification des épisodes caniculaires.
Cette réglementation vise spécifiquement à prévenir les risques sanitaires liés au travail par fortes chaleurs : dégradation des conditions de travail, accidents du travail, fièvre, migraines, crampes, déshydratation et coups de chaleur potentiellement mortels. Le champ d’application du décret est particulièrement large, concernant les salariés, les travailleurs indépendants, les maîtres d’ouvrage, les coordonnateurs en matière de sécurité, ainsi que les secteurs du BTP, de l’agriculture et de la foresterie.
L’innovation majeure du dispositif réside dans son articulation avec le système d’alerte météorologique. Un arrêté du 27 mai 2025 définit quatre niveaux de vigilance fixés par Météo-France, créant ainsi une gradation des mesures de protection :
- Vigilance verte : veille saisonnière sans vigilance particulière
- Vigilance jaune : pic de chaleur sur 1 à 2 jours présentant un risque pour la santé humaine en raison des conditions de travail
- Vigilance orange : période de canicule avec chaleur intense et durable susceptible de constituer un risque sanitaire pour l’ensemble de la population exposée
- Vigilance rouge : période de canicule extrême, exceptionnelle par sa durée, son intensité et son extension géographique
Cette classification permet aux employeurs d’adapter leurs mesures de prévention en fonction de l’intensité réelle du risque climatique, transformant ainsi la gestion de la canicule au travail en véritable démarche de prévention structurée et anticipée.
2. DUERP et évaluation des risques : la canicule au travail devient obligatoire
Checklist DUERP avant le 1er juillet
- Identifier tous les postes exposés
- Cartographier les populations vulnérables
- Évaluer les équipements existants
- Documenter les mesures de prévention
L’une des obligations phares du nouveau décret concerne la mise à jour obligatoire du Document Unique d’Evaluation des Risques Professionnels (DUERP) avant le 1er juillet 2025. Cette exigence transforme fondamentalement l’approche de la prévention en entreprise, intégrant désormais les risques liés aux épisodes de chaleur intense au même niveau que les autres risques professionnels traditionnels.
Concrètement, les employeurs doivent identifier et évaluer tous les postes de travail susceptibles d’être impactés par les fortes chaleurs, qu’il s’agisse d’activités en extérieur ou en intérieur. Cette évaluation doit prendre en compte les spécificités sectorielles : dans le BTP, l’analyse portera sur l’exposition directe au soleil des ouvriers, les horaires de chantier et la pénibilité physique des tâches. Pour les entrepôts logistiques, l’accent sera mis sur la ventilation des locaux, les pics d’activité estivaux et l’organisation des équipes.
L’évaluation des risques liés à la canicule au travail doit également considérer les populations vulnérables : femmes enceintes, travailleurs âgés, personnes souffrant de pathologies chroniques ou en situation de handicap. Cette approche individualisée permet d’adapter les mesures de protection aux besoins spécifiques de chaque collaborateur.
Les entreprises agricoles devront particulièrement soigner cette démarche, en analysant les différentes phases de leur activité saisonnière : travaux de récolte, manipulation d’équipements en plein soleil, ou encore conduite d’engins sans climatisation. Cette évaluation préalable constitue le socle indispensable pour déployer ensuite les mesures de prévention adaptées et justifier les choix organisationnels face aux épisodes de chaleur intense.
3. Les nouvelles obligations de prévention contre la canicule au travail
Les 4 piliers de la prévention
Le décret du 27 mai 2025 énumère une liste précise et exhaustive de mesures que l’employeur doit mettre en œuvre pour lutter contre les épisodes de chaleur intense. Cette approche structurée transforme la gestion de la canicule au travail en véritable stratégie de prévention organisée.
Organisation du travail et adaptation des horaires
L’adaptation de l’organisation du travail constitue le premier levier d’action contre les risques liés aux fortes chaleurs. Les employeurs doivent privilégier l’utilisation de procédés de travail limitant l’exposition à la chaleur, modifier l’aménagement des lieux et postes de travail, et surtout adapter les horaires pour éviter les heures les plus chaudes de la journée.
Dans le secteur du BTP, cette obligation se traduit concrètement par des démarrages de chantier dès 6h du matin, des pauses prolongées entre 12h et 16h, ou encore le report de certaines tâches aux heures plus fraîches. Les entreprises de logistique peuvent également décaler leurs créneaux de livraison ou réorganiser leurs équipes de nuit pour limiter l’exposition diurne.
Équipements techniques et moyens de protection
Le décret impose la mise en œuvre de moyens techniques pour réduire le rayonnement solaire et prévenir l’accumulation de chaleur dans les locaux de travail. Les solutions peuvent inclure :
- Installation de pare-soleil, ventilateurs industriels et brumisateurs
- Fourniture d’équipements de protection individuelle adaptés aux fortes températures
- Choix d’équipements de travail permettant de maintenir une température corporelle stable
- Modification de l’agencement des postes pour limiter l’expose à la chaleur
Accès à l’eau potable fraîche : l’obligation des 3 litres
L’une des mesures les plus concrètes concerne l’augmentation de la quantité d’eau potable fraîche mise à disposition des travailleurs. En l’absence d’eau courante, l’employeur doit fournir au minimum 3 litres d’eau par jour et par travailleur, une obligation particulièrement cruciale pour les chantiers extérieurs et les sites isolés.
Cette exigence s’accompagne de l’installation de moyens pour maintenir l’eau au frais à proximité directe des postes de travail. Les entreprises doivent donc investir dans des systèmes de distribution d’eau réfrigérée, des fontaines à eau ou des équipements mobiles pour les activités nomades.
Formation et information obligatoires
Le volet formation représente un pilier essentiel du dispositif de prévention. Les employeurs doivent désormais informer et former leurs travailleurs sur la conduite à tenir en cas de forte chaleur, l’utilisation correcte des équipements de protection, et surtout la reconnaissance des signes d’alerte du coup de chaleur : fièvre, crampes, maux de tête, vertiges.
Cette formation doit être adaptée aux spécificités de chaque poste et régulièrement actualisée. Les travailleurs isolés bénéficient d’un accompagnement renforcé avec des protocoles de signalement et d’intervention d’urgence spécifiquement définis pour leur situation particulière.
4. Secteur BTP : canicule au travail et chômage intempéries étendu
Chômage intempéries canicule - BTP
Période éligible : 1er juin au 15 septembre
Condition : Vigilance orange ou rouge
Remboursement = 50% du montant intempéries classique
Le secteur du bâtiment et des travaux publics bénéficie d’une avancée majeure avec l’extension du régime de chômage intempéries aux épisodes caniculaires. Cette mesure, effective depuis juin 2024 et renforcée par le décret du 27 mai 2025, constitue une révolution pour la protection des ouvriers du BTP face aux vagues de chaleur.
Conditions d’éligibilité au chômage intempéries canicule
Les arrêts de travail pour motif de canicule au travail sont désormais recevables pendant la période de veille saisonnière, du 1er juin au 15 septembre, dans les départements placés sous vigilance canicule orange ou rouge par Météo-France. Cette extension concerne spécifiquement les « périodes de canicule », correspondant aux seuils de vigilance orange et rouge, qui ouvrent droit au bénéfice de l’indemnisation.
L’employeur peut donc légitimement interrompre les travaux lorsque les conditions climatiques présentent un danger pour la santé des ouvriers, particulièrement pour les activités exposées comme les travaux de couverture, d’isolation en toiture, ou de manutention répétée de charges lourdes sous un soleil intense.
Modalités d’indemnisation spécifiques
Le montant du remboursement versé à l’employeur est fixé à cinquante pour cent du montant prévu pour les autres intempéries, avec possibilité de majoration par la CIBTP France selon les régions et les spécificités locales. Cette approche équilibrée permet de compenser partiellement les coûts d’arrêt tout en incitant les entreprises à développer des stratégies préventives.
Les entreprises du BTP doivent désormais intégrer ces épisodes caniculaires dans leur planification opérationnelle, en anticipant les périodes à risque et en adaptant leurs calendriers de chantier. Cette nouvelle donne économique encourage également l’investissement dans des équipements de protection collective et l’amélioration des conditions de travail estivales.elle à maîtriser.
5. Contrôles renforcés et sanctions : l’inspection du travail mobilisée
Contrôles inspection du travail
Le décret du 27 mai 2025 renforce considérablement les pouvoirs de l’inspection du travail en matière de contrôle et de sanctions liées à la canicule au travail. Cette évolution réglementaire s’accompagne d’une intensification des vérifications sur le terrain, annoncée par les autorités publiques comme une priorité absolue pour l’été 2025.
Nouveaux pouvoirs de mise en demeure
L’inspecteur du travail dispose désormais de la possibilité de mettre en demeure l’employeur de se conformer sous huit jours à son obligation de définir les mesures de prévention des risques liés aux épisodes de chaleur intense. Ce délai particulièrement court reflète l’urgence sanitaire que représentent les situations de travail par fortes chaleurs.
Cette procédure accélérée permet d’intervenir rapidement lorsque l’évaluation des risques n’a pas été réalisée ou lorsque les mesures de prévention sont insuffisantes au regard des conditions climatiques. L’employeur qui ne respecte pas cette mise en demeure s’expose à des sanctions pénales et administratives aggravées.
Intensification des contrôles ciblés
Les statistiques de contrôles 2024 révèlent une mobilisation déjà importante de l’inspection du travail avec 1 500 interventions, principalement concentrées dans les secteurs les plus exposés : BTP, agriculture et restauration. Cette tendance devrait s’accentuer significativement à partir de juillet 2025, avec des campagnes de contrôles programmées pendant les pics de chaleur.
Les inspecteurs du travail cibleront prioritairement les entreprises n’ayant pas mis à jour leur DUERP, celles ne disposant pas de plans de prévention adaptés, ou encore les sites où des signalements de conditions de travail dangereuses ont été rapportés. Les secteurs agricoles et du BTP feront l’objet d’une surveillance particulière pendant les périodes de vigilance orange et rouge.
Cette stratégie de contrôles renforcés vise à transformer rapidement les pratiques professionnelles et à faire de la prévention des risques liés à la canicule au travail un réflexe managérial incontournable.
6. Canicule au travail : conseils pratiques pour une mise en conformité rapide
Votre planning de mise en conformité
Face à l’échéance du 1er juillet 2025, les employeurs disposent de moins d’un mois pour opérer leur transformation réglementaire. Cette mise en conformité express nécessite une approche méthodique et des actions immédiates pour éviter les sanctions de l’inspection du travail.
Plan d’action immédiat : les étapes incontournables
La première urgence consiste à actualiser le DUERP en y intégrant spécifiquement les risques liés aux épisodes de chaleur intense. Cette démarche implique un audit complet des postes de travail, une identification des populations vulnérables, et une évaluation des équipements existants. Les entreprises peuvent s’appuyer sur les ressources de l’INRS et les guides sectoriels pour structurer cette analyse.
Parallèlement, l’organisation du travail doit être repensée pour intégrer les contraintes climatiques : adaptation des horaires, planification des pauses, aménagement des espaces de repos climatisés. Cette réorganisation peut nécessiter une négociation avec les représentants du personnel et une communication interne approfondie.
Investissements matériels prioritaires
L’équipement en moyens de rafraîchissement représente un poste budgétaire incontournable : installation de fontaines à eau réfrigérée, acquisition de ventilateurs industriels, mise en place de zones d’ombrage sur les chantiers extérieurs. Pour les entreprises du BTP, l’investissement dans des équipements de protection individuelle adaptés aux fortes chaleurs devient obligatoire.
Les solutions peuvent être graduées selon la taille de l’entreprise : des systèmes de brumisation pour les grands sites industriels aux glacières mobiles pour les petites équipes nomades. L’important réside dans la proximité immédiate de ces équipements avec les postes de travail effectifs.
Formation des équipes : un enjeu de sensibilisation
La sensibilisation des collaborateurs aux risques de la canicule au travail constitue un levier essentiel de la prévention. Cette formation doit couvrir la reconnaissance des symptômes du coup de chaleur, les gestes de premiers secours, et l’utilisation correcte des équipements de protection. Les managers de proximité jouent un rôle clé dans cette démarche pédagogique.
Des outils pratiques existent pour faciliter cette montée en compétence : affiches de sensibilisation, formations e-learning, exercices de simulation. L’objectif consiste à transformer chaque salarié en acteur de sa propre sécurité face aux risques thermiques.
7. À retenir
Le décret du 27 mai 2025 transforme définitivement la gestion de la canicule au travail en France. Échéance : 1er juillet 2025 – il ne reste que quelques jours pour finaliser votre mise en conformité.
Les points clés à retenir :
- Obligation légale : mise à jour du DUERP avec intégration du risque chaleur
- Mesures concrètes : 3 litres d’eau minimum, adaptation des horaires, formation des équipes
- Secteur BTP : chômage intempéries étendu aux épisodes caniculaires
- Contrôles renforcés : inspection du travail mobilisée avec sanctions à la clé
- Enjeu durable : les épisodes de canicule vont s’intensifier dans les années à venir
Au-delà de l’obligation réglementaire, c’est un investissement stratégique. Protéger vos salariés contre les risques thermiques améliore leur bien-être, leur productivité et renforce votre attractivité employeur.
Les entreprises qui agissent maintenant prennent une longueur d’avance. Elles construisent dès aujourd’hui une culture de prévention qui leur permettra de maîtriser sereinement la canicule au travail, donnée structurelle de l’univers professionnel de demain.
Clin d’oeil de la rédaction : si vous aussi, vous êtes un boomer…
Sources officielles
Textes réglementaires
- Décret n° 2025-482 du 27 mai 2025 relatif à la protection des travailleurs contre les risques liés à la chaleur
- Arrêté du 27 mai 2025 relatif à la détermination des seuils de vigilance pour canicule
Ministères et organismes publics
- Ministère du Travail – Publication du décret relatif à la protection des travailleurs
- Ministère du Travail – Chaleur et canicule au travail : les précautions à prendre
- Service-Public.fr – Chaleur : de nouvelles obligations pour l’employeur
- Portail de la fonction publique – Chaleur intense, canicule et travail des agents publics
- Ministère de l’Économie – Canicule : quelles sont vos obligations en tant qu’employeur ?
- DREETS Pays de la Loire – Chaleurs et canicule au travail